samedi 29 décembre 2018

PESTICIDES EN CÔTE D'IVOIRE




Face à ce constat, la situation est alarmante. Il est par  moment nécessaire d'utiliser des produits phytosanitaires pour protéger les cultures, mais que cela se fasse de façon contrôlée. Afin de lutter efficacement contre les produits frauduleux et préserver la santé du consommateur, un certain nombre d'actions devrait être mené de la part de l'Etat, des fabricants de produits phytosanitaires, des distributeurs, des agriculteurs, des techniciens agricoles et des commerçants de produits phytosanitaires et du consommateur. À savoir :
- l'Etat : identifier tous les fabricants, distributeurs, agriculteurs et commerçants de produits phytosanitaires; faire des inspections régulières dans leurs locaux afin de s'assurer des conditions hygiéniques et environnementales de travail, de fabrication et de vente des produits phytosanitaires; exiger au minimum un niveau BAC ou équivalent en agriculture pour tout commerçant de produits phytosanitaires; organiser chaque trimestre des seminaires de formation pour les différents acteurs du monde agricole; créer un centre d'écoute afin de permettre aux acteurs d'avoir toutes les informations nécessaires sur la filière en rapport avec les produits phytosanitaires; informer régulièrement les acteurs du secteur sur le retrait ou la mise en circulation des produits phytosanitaires et les mettre à la disposition des acteurs du secteur agricole ; sanctionner rigoureusement les fraudeurs.


UTILISATION NON CONTRÔLÉE DE PESTICIDES, UN DANGER POUR LES POPULATIONS

Avant  la  seconde  Guerre  Mondiale,  les  pesticides  employés  en  agriculture  étaient  des  dérivés  de  composés  minéraux ou  de  plantes  :  arsenic,  cuivre,  zinc,  manganèse,  plomb,  pyrèthre,  roténone,  sulfate  de  nicotine...  que  l'on  retrouve  en partie  dans  les cigarettes  actuelles. Ce  sont  les armes  chimiques de  la première Guerre Mondiale comme le fameux gaz  moutarde (composé  de chlore)  qui assureront  un nouveau débouché  industriel  pour  les  pesticides, une fois  le  conflit  terminé. Ainsi,  les  organochlorés  firent  leur  apparition  avec  de  nombreuses  déclinaisons  qui  ont  connu  un  énorme  succès comme le célèbre DDT,  interdit  en Europe depuis 1972. Parallèlement, l'encadrement  réglementaire des pesticides  date du 2 novembre 1943, validée par  une ordonnance  du 13 avril  1945.
 L’emploi  de  produits  chimiques  (pesticides)  dans  la  lutte  contre  les  ennemis  des  légumes  dans  le  jardin  familial  est fortement  déconseillé.  Ces  produits  sont  coûteux  par  rapport  aux  dégâts  causés.  De  plus,  ils  sont  généralement  très toxiques  pour  l’homme  et  leurs  effets  sur  les  parasites  et  maladies  sont  souvent  faibles.  Cette  lutte  chimique  ne  fait que  compléter  la  première  et  nécessite  en  général  un  certain  matériel  d'application  (pulvérisateur  etc.)  et  demande  le respect  de  certaines  précautions  car  elle  peut  constituer  un  certain  danger  pour  les  cultivateurs,  leur  famille,  les consommateurs  de  légumes  et  l'environnement.   Ne  pas  souiller  les  eaux  de  rivière  ou  de  puits  en  y  versant  les  résidus  et  emballages  mais  creuser  un  trou  et  le reboucher ensuite. En  cas  d’intoxication, aller  immédiatement  au  poste  médical.   La  meilleure précaution  est  encore de ne  pas  les  utiliser du  tout  !
Dans  les  pays industrialisés, la révolution verte des années 60 a  considérablement  augmenté la productivité agricole en jouant  sur  l'augmentation  des  surfaces  cultivées,  la  mécanisation,  la  plantation  de  cultures  sélectionnées  et  hybrides aux rendements plus  élevés, le  remembrement  et  la  lutte contre  toutes  les nuisances. Cette lutte passe notamment  par  le recours massif  aux  pesticides, qui  sont  des  produits chimiques dangereux  destinés à repousser  ou  tuer  les  rongeurs,  champignons,  maladies,  insectes  et  "mauvaises  herbes"  qui  fragilisent  le  mode  de culture  intensif. Les  pesticides  ne  sont  pas  seulement  utilisés  dans  l'agriculture  mais  aussi  dans  le  jardin  du  particulier,  dans  les  parcs ouverts  au  public,  pour  l'entretien  de  la  voirie,  des  voies  ferrées,  des  aéroports,  des  aires  de  loisirs  (golfs, hippodromes...). Les  pesticides  sont  des  Polluants  Organiques  Persistants  qui  perdurent  dans  l'environnement,  s'accumulent  dans  les graisses  et  sont,  d'une  manière  générale,  dangereux  pour  la  santé  :  cancers,  altération  du  système  immunitaire, problèmes  de reproduction... Les  pesticides  touchent  aussi  massivement  les  zones  rurales  des  PVD  (Pays  en  Voie  de  Développement)  où malformations,  cancers, maladies  congénitales, désordres  du système nerveux déciment  la population. Le  mot  «  pesticide  »  se  compose  du  suffixe  commun  -cide,  du  latin  caedo,  caedere,  qui  signifie  tuer,  et  du  mot  -pestis, qui  désigne  un  animal  nuisible,  un  fléau.  Les  pesticides  sont  des  tueurs  de  parasites.  Ce  terme  générique  désigne l'ensemble  des  produits  chimiques,  naturels  ou  de  synthèse,  destinés  à  repousser  ou  détruire  les  nuisibles,  (microbes, animaux  ou  végétaux),  durant  la  production,  le  stockage  ou  la  commercialisation  de  produits  agricoles,  de  denrées alimentaires, ou  de bois. Ils  servent  également  à  combattre les  différents vecteurs de maladies humaines  ou animales. Ainsi,  on  désigne  par  pesticide  toute  substance  destinée  à  repousser,  détruire  ou  combattre  les  ravageurs  et  les  espèces indésirables  de  plantes  ou  d'animaux.  Sont  également  inclus  les  régulateurs  de  croissance  des  plantes,  les  défoliants (pour  faire  tomber  les  feuilles),  les  dessicants  (pour  absorber  l'humidité),  les  agents  qui  réduisent  le  nombre  de  fruits ou  évitent  leur  chute  précoce  ainsi  que  les  substances  appliquées  avant  ou  après  récolte  pour  conserver  les  produits pendant  leur  stockage et  leur  transport. Il  existe  près  de  100  familles  chimiques  de  pesticides  :  organophosphorés,  organochlorés,  carbamates,  pyréthrinoïdes, triazines.  Il  existe  près  de  10  000  formulations  commerciales  composées  de  la  matière  active  et  d'adjuvants  et  qui  se présentent  sous  différentes  formes  (liquides, solides  :  granulés,  poudres,..).
D'un point  de vue réglementaire  européen,  on distingue  deux grandes  catégories  de  pesticides : 
- les  produits  phytopharmaceutiques  destinés  à  la  protection  des  végétaux.  Il  en  existe  trois  types  :  les herbicides,  les fongicides et  les  insecticides. 
-  les biocides  destinés  à la  protection des éléments de  construction  (charpente)  ou des  animaux domestiques. Les pesticides  sont  généralement  classés en  fonction de la  cible qu'ils visent, on distingue ainsi  : 
+ les herbicides pour  lutter  contre  les "mauvaises herbes"
 +les fongicides  pour  détruire  les  champignons 
+  les insecticides pour  tuer  les insectes 
+  les corvicides contre les oiseaux 
+ les rodenticides  pour  lutter  contre  les  taupes  et  les  rongeurs 
+ les molluscides  contre  les limaces 
+ les nématicides  contre  les nématodes  (petits vers)   les régulateurs de croissance.
Les  pesticides  sont  également  regroupés  en  fonction  de  leurs  composants  actifs  ou  substance  active  :  organochlorés (DDT,  lindane...),  triazines  (atrazine,  simazine...), acétamides  (acetochlore, alachlore...)... La  substance  active  exerce  une  action  générale  ou  spécifique  sur  les  organismes  nuisibles  ou  végétaux.
  Au  final,  Un produit  phytosanitaire  désigne  un  produit  phytopharmaceutique  et  ses  adjuvants  (produit  ajouté  pour  renforcer  l'action de  la  substance  active).  Les  effets  de  ces  produits  sur  la  santé  se  manifestent  parfois  plusieurs  dizaines  d'années  après leur  utilisation.  Le  suivi  des  produits  après  leur  mise  sur  le  marché  n'est  qu'imparfaitement  assuré  au  regard  de  leurs impacts sanitaires réels et  l'effet  des  perturbateurs  endocriniens est  mal  pris  en compte.

INFORMATIONS SUR LES PESTICIDES

L'emballage d'un pesticide  devra porter  une  étiquette avec  les  renseignements suivants  :
 -  le  nom  de  la  matière  active  (c’est  le  composant  ou  micro-organisme  qui  tue  l’ennemi  ou  l’empêche  de  se développer)  ainsi  que  son  pourcentage  (la  quantité  de  matière  active  dans  un  litre  ou  kg  de  produit.)  dans  le produit  commercial  ;
 -  le  nom commercial  du  produit  (c’est  la  matière  active  mélangé  avec  d’autres  matières  non  actives.)  car  chaque matière  active  peut  être vendue par  plusieurs  producteurs sous des  noms  différents.
 -  la formulation du produit  qui  peut  se présenter  sous la  forme  :   d'un  concentré  liquide  ou  d'une  poudre  mouillable  qui  doivent  être  mélangés  à  l'eau  et  que  l'on pulvérise  ensuite  sur  la  plante avec  un  pulvérisateur  ou  tout  autre  appareil  ;   d'une poudre sèche  qu'on utilise  directement  sur  la plante â  l'aide d'un soufflet  ou d’une  poudreuse  ;   d'un produit  granulé  que  l'on introduit  dans le  sol  par  un bêchage ou un ratissage  ;   d'un liquide  qui  dégage un gaz  actif  que l'on injecte dans le  sol. 
 -  le  délai  minimum  à  respecter  entre  la  dernière  application  du  pesticide  et  la  récolte  ou  le  semis  ou  la plantation. (DAR)
 -  le  type  d'ennemi  que  l'on  contrôle  avec  le  pesticide  ainsi  que  les  noms  des  cultures  pour  lesquelles  le  produit peut  être  utilisé
 -  La dose  de produit  qui  est  le volume de  produit  à utiliser  pour  une surface  donnée.
 - Le numéro d'homologation. Ne pas acheter les produits qui ne mentionnent pas le nom du fabricant et du distributeur. Ces produits ne présentent pas un minimum de garantie.

 -  toute autre observation  nécessaire  ou utile  pour  l'utilisation du produit.

 Certains  pesticides  ont  une  action systémique, c'est-à-dire  qu'ils  pénètrent  dans les  tissus  des  plantes  et  les  protègent  de l'intérieur  tandis que  d'autres les protègent  de  l'extérieur. Les  insecticides  tuent  les  insectes  soit  par  leur  contact  avec  l’insecte,  soit  par  ingestion,  c’est-à-dire,  l’insecte  mourra après  avoir  mangé  des  parties  de  la  plante  ou  suce  la  sève  d’une  plante  traitée  ou  encore  par  inhalation,  le  pesticide dégageant  un gaz  actif  que  l’insecte  respire  et  dont  il  meurt. Les  fongicides  agissent  sur  les  champignons  en  empêchant  la  germination  des  spores  ou  en  tuant  ces  spores,  ainsi  que les  parties  végétatives  du  champignon.  Leur  action  est  externe  par  le  contact  ou  systémique.  Ils  peuvent  avoir  une action  préventive  ou  curative. La  durée  ou  la  persistance  (rémanence)  d'action  d'un  pesticide  est  très  variable.  Certains  pesticides  ont  une  rémanence très  longue  (semaines,  mois)  tandis  que  d'autres  ont  une  rémanence  assez  courte  (jours).  Les  produits  à  longue rémanence  sont  parfois  nuisibles  pour  les  hommes,  les  animaux  et  les  plantes  cultivées  ultérieurement.  Il  ne  faut  pas confondre  la  durée  d'action  avec  les  délais  à  respecter  entre  le  dernier  traitement  et  la  récolte.  Ces  délais  servent  à protéger  les  consommateurs des  légumes.   Bien  qu'il  soit  possible  de  mélanger  deux  ou  plusieurs  pesticides,  il  existe  des  produits  qui  ne  sont  pas  compatibles avec  d'autres.  Il  faut  donc  bien  se  renseigner  à  ce  sujet  avant  de  faire  des  mélanges  de  pesticides.  La  compatibilité  des pesticides  est  variable  suivant  la  matière  active, la  formulation,  le  produit  commercial,  etc. Il  existe  aussi  des  produits  composés,  c'est-a-drre  qui  contiennent  plusieurs,  souvent  deux  matières  actives.  L'avantage de  ces  produits  est  qu'ils  peuvent  lutter  contre  plusieurs  ennemis  des  cultures  en  même  temps.  Dans  ce  cas  il  faudra  se référer  à  chaque  matière  active individuelle  pour  connaître le nom  des  ennemis qu'elles  contrôlent. La quantité d'eau utilisée pour  traiter  une culture avec  un pulvérisateur  à dos  à pression entretenue,  varie selon l'espèce cultivée  et  le stade  de  développement  de  la plante.   

CONDITION DE DÉVELOPPEMENT D'UNE ACTIVITÉ AGRICOLE

Avant de se lancer dans la production de cultures maraîchères surtout si cette activité veut être rémunératrice, il est absolument nécessaire de respecter un nombre de conditions : 
1- Il faut qu’il y ait suffisamment d'eau au niveau de l'exploitation et que cette eau soit de bonne qualité ; 
2- il faut que le sol soit adapté à la production légumière ;  3- il faut que les espèces maraîchères que l'on veut produire soient adaptées aux conditions climatiques de la zone ; 
4- il faut penser au facteur humain, de la production et de la commercialisation des cultures maraîchères ; 
5- il faut considérer l’aspect financier, et la gestion de l'exploitation maraîchère.

Le non-respect d'une, ou de plusieurs, de ces conditions est souvent la cause de l'échec d'une entreprise maraichère et mène à des pertes, parfois importantes, d’efforts et d’investissement consacrées au maraîchage.

vendredi 28 décembre 2018

LE CHOIX DES ESPECES EN CULTURE MARAÎCHÈRE

Le  choix  des  cultures  maraîchères  que  l’on  désire  produire  dépendra  de  plusieurs  facteurs.  Parmi  ceux-ci,  on  distingue des  facteurs  limitant  et  des  facteurs  préférentiels. Les  facteurs  limitant  sont  la  quantité  et  la  qualité  d'eau  disponible,  du  type  de  sol  et  de  ses  caractéristiques  (salinité, acidité  et  présence  d'éléments  nutritifs)  et  du  climat  de  la  zone  de production. Les  facteurs  préférentiels  sont  liés  aux  exigences  des  marchés  et  des  consommateurs  et  au  niveau  de  la technicité  des maraîchers  et  de  leur  encadrement.

 Ainsi il se peut qu'il soit bien possible de produire des asperges, des melons ou des fraises à certains endroits en Côte d’Ivoire, où il n'y a pas de facteurs limitant à leur production, mais il faudra qu'il y ait un marché pour ces produits et savoir si les maraîchers assistés par l'encadrement, sont capables de les produire et de les commercialiser comme il le faut. Autrement il vaut mieux choisir des espèces plus rustiques et qui poseront moins de problèmes de commercialisation telles que des oignons, des choux, des patates douces et autres légumes.


LE CHAULAGE

  le  chaulage : Dans  l’ordre  des  priorités,  le  chaulage  vient  tout  de  suite  après  le  drainage,  parce  que  l’état calcique  a  aussi  un  impact  sur  tous  les  autres  aspects  de  la  fertilité  du  sol.  Un  sol  a  tendance  à  s’acidifier  tout naturellement  d’autant  que  des  récoltes  abondantes  sont  exportées  et  que  le  climat  est  relativement  pluvieux. Parfois  le  sol  est  génétiquement  capable  de  contrecarrer  ce  phénomène.  Souvent  non,  et  il  faut  l’aider.  Le  rôle de  l’agriculteur  est  de  combler  par  le  chaulage  les  situations  où  le  sol  naturellement  n’a  pas,  ou  n’a  plus,  en quantité  suffisante  le  carbonate  de  calcium  et/ou  de  magnésium  pour  lutter  contre  l’acidité  produite  par  une production agricole intensive.     

  -Chauler en  fonction du pH  ? Traditionnellement,  le  chaulage  est  recommandé  dans  le  but  de  modifier  le  pH  du  sol  en  vue  d’obtenir  un  pH  optimal pour  la  croissance  des  plantes.  Selon  cette  approche,  le  besoin  de  chauler  est  dicté  par  la  nécessité  de  réagir  lorsque  le pHeau  du  sol  chute  en  deçà  d’un  niveau  déterminé,  soit  environ  6,3.  Selon  le  type  de  sol,  on  détermine  alors  la quantité  de  chaux  à  appliquer  (utilisation  du  modèle  du  pH  tampon).  Les  doses  de  chaux  recommandées  varient  entre 2,5 tonnes  et  10  tonnes  à l’hectare,  l’objectif  étant  de  ramener  le pHeau entre 6,5  et  6,8.   

  -Chauler en  fonction du sol : Les  observations  et  recherches  des  dernières  années  proposent  une  stratégie  de  chaulage  adapté  au  fonctionnement optimal  du sol  et  de son activité microbienne. Cette  approche  considère que le chaulage ne  doit  pas  être  raisonné  qu’en fonction  d’une  fluctuation  du  pHeau  du  sol.  Cette  fluctuation  est  un  indicateur  trop  tardif  et  variable  pour  permettre d’intervenir  adéquatement.  À  l’échelle  géologique  sous  nos  climats  le  phénomène  d’acidification  du  sol  est  une  étape normale  dans  la  séquence  d’évolution  du  sol.  L’objectif  du  producteur  est  de  ralentir  ce  phénomène  et  d’éviter d’atteindre  le  niveau  d’acidification  avant  d’intervenir.  En  d’autres  mots,  le  chaulage  ne  doit  pas  chercher  à  corriger un  pHeau  trop  acide,  mais  plutôt  à  maintenir  une  réserve  adéquate  en  calcium  et  en  magnésium  en  fonction  de l’évolution de  l’ensemble  de l’état  calcique du  sol. Cette façon de  faire  minimise  les fluctuations de  pH  du sol  au cours d’une  saison,  favorisant  les  conditions  optimales  de  fonctionnement  du  sol.  Par  cette  approche,  l’intervention  de chaulage  n’est  plus  «  de  redressement  »  par  des  chaulages  massifs,  mais  plutôt  «  de  maintien  ».  Un  «  chaulage  de maintien  »  est  planifié  sur  une  base  régulière,  annuelle  ou  bisannuelle.  Pour  chaque  apport  les  doses  sont  évidemment beaucoup  moins  élevées  que  lorsque  le  chaulage  est  pratiqué  à  un  intervalle  de  plus  de  5  ans.  On  parle  de  dose  de l’ordre  de  400  kg/ha  à  1500  kg/ha  de  chaux  agricole  par  année.  À  ces  doses,  le  «  surchaulage  »  est  évité,  bien  que  les apports  soient  annuels. 

QUELQUES TECHNIQUES DE PREPARATION DU SOL

Le  sol  du  potager  doit  être  bien  préparé.  Cette  préparation  a  pour  but  de  rendre  la  terre  meuble,  propre  et  riche.  Elle permet  aussi  une  bonne  germination  et  une  croissance  rapide  des  plantes.  Drainage,  chaulage,  travail  de  sol,  etc.  ne sont  pas  en  soi  des  pratiques  de  fertilisation.  Elles  ont  toutefois  un  effet  direct  sur  l’expression  de  la  fertilité  du  sol  et favorise la nutrition des  plantes. En  fonction des  spécificités  de sa  ferme, le producteur  emploie sa propre combinaison de ces diverses  pratiques  de  manière à  construire un  système de  culture  performant. Pour préparer le sol, les opérations suivantes sont nécessaires : 

-Le sous-solage: consiste à remuer le sol en profondeur (50 à 60 cm) sans le retourner. Il s'effectue à l'aide de la sous-soleuse tous les 4 à 5 ans. Cette opération nécessite par conséquence l'utilisation d'engins mécaniques. Le défoncement est une opération qui donne le même résultat que le sous-solage. Mais il présente l'inconvénient de retourner la terre en ramenant en surface la terre pauvre du dessous.  

-Le labour: opération exécutée avant chaque culture. Elle rend le sol meuble et permet d'enfouir les engrais.  

  *Pourquoi faut-il labourer ? Un sol récemment défriché est souvent dur et tassé, surtout s’il est argileux. L’air et l’eau de pluie y pénètrent mal et les mauvaises herbes s’y développent aisément. 

  *Le but du labour est multiple :  ameublir la terre pour faciliter la pénétration et la croissance des racines;  l’aérer et la rendre perméable à l’eau;  enfouir les engrais organiques et les mauvaises herbes qui forment de l’humus en se décomposant.  

  *Quand faut-il labourer ? Un sol léger (sableux) peut être labouré en toute saison. Un sol lourd (argileux) ne doit être ni trop sec, ni trop humide. trop sèche, la terre est dure, les outils y pénètrent difficilement, elle forme de grosses mottes difficiles à briser;  trop humide, la terre colle aux outils, on risque de détruire la structure du sol.   

  *A quelle profondeur faut-il labourer ? Pour bien labourer un terrain il faut connaître sa constitution. Un terrain se compose :  du sol avec, en surface, une mince couche de terre arable, riche en humus;  du sous-sol, argileux, calcaire ou rocheux, beaucoup moins fertile que le sol. Les racines des légumes se trouvent surtout dans la terre arable et beaucoup moins dans la terre végétale. Il y a des différences entre les légumes : les racines du pois d’Angole, par exemple, sont beaucoup plus profondes que celles de la laitue. Le labour ne doit pas enfouir la terre arable fertile et ramener en surface la terre végétale ou même le sous-sol peu fertile. Chaque couche doit rester à sa place. Faire le premier labour - si le sol est compact après défrichement - à la profondeur de 2 coups de bêche ou de houe, jusqu’au moins 30 cm. Lorsqu’on bêche, on travaille avec un sillon ouvert, sur le fond du sillon voisin et ainsi de suite. Lorsqu’on houe, on travaille aussi avec un sillon ouvert. On enlève d’abord une étroite bande de terre, on ramollit la couche inférieure, on la recouvre avec la couche supérieure de la bande voisine et ainsi de suite. Un labour profond est surtout recommandé pour les sols compacts et peu perméables (souvent argileux). Pour l’entretien normal, la profondeur d’une houe ou d’une bêche suffit. Après plusieurs labours (avec fumage aux engrais organiques), la couche de terre arable devient de plus en plus meuble et épaisse.


LA PREPARATION DU TERRAIN POUR UN MEILLEUR RENDEMENT

La  surface  du  jardin  sera  fonction  de  la  quantité  d'eau  dont  on  dispose,  de  la  main-d’œuvre  disponible  et  de l'investissement  que  l'on veut  faire pour  l'achat  des moyens  de production. Après  avoir  choisi  le site et  préparer  le plan du  jardin (travail  à faire par  un  agronome),  on pourra  aménager  le  terrain.   On  débarrasse  le  jardin  de  la  végétation  qui  le  couvre  et  éventuellement  on  enlève  les  bases  des  troncs  et  les  racines des  arbres  à  couper  (dessoucher). Il  faut  enlever  les  pierres et  les cailloux.   Pour  protéger  le  jardin  du  vent  il  faut  installer  des  brise-vents  vivants,  (3  à  4  rangées  d'arbres  ou  d'arbustes  comme  le filao,  l’eucalyptus,  le  neem,  l'anacardier,  le  manguier,  etc.)  soit  non-vivants  (tiges  de  mil.  sorgho,  mais,  etc...).  Un  bon brise-vent  doit  être  perméable  et  protégera  le  terrain  sur  10  à  15  fois  sa  hauteur.  Si  cela  n'est  pas  suffisant,  on  pourra ajouter  des  petits  brise-vent  (mais,  graminées  fourragères)    à  l'intérieur  du  jardin.  Il  faut  laisser  une  certaine  distance entre  ces  brise-vents  et  les cultures  pour  éviter  qu'il  y  ait  concurrence  pour  l'eau  et  les  engrais,  que les  cultures  soient  à l’ombre  et  que  les  brise-vents  vivants  servent  d'abri  aux  oiseaux,  aux  insectes  et  à  certains  autres  ravageurs (nématodes,  maladies).  Il  convient  aussi  de  clôturer  le  jardin  pour  éviter  que  le  bétail,  les  animaux  sauvages  et  même les  hommes,  autres  que  les  producteurs  entrent  dans  le  jardin.  Cette  clôture  peut  parfois  servir  de  brise-vent  et  sera faite d'épineux, de  tiges  de  mil  ou de sorgho, de fil  barbelé,  etc. Prévoir  une entrée  qui  peut  se  fermer. Après  le  nettoyage  du  terrain,  il  faudra  dresser  les  planches  suivant  le  plan  que  l'on  s'est  établi  pour  le  jardin.  La largeur  des  planches  ne  devra  pas  dépasser  1  ,2  m  pour  éviter  de  marcher  sur  les  planches  de  légumes  semées  ou plantées.  La  longueur  de  la  planche  n'est  pas  limitée  sauf  si  le  terrain  est  accidenté.  Dans  ce  cas.  Il  faut  d'abord  établir les  planches  en  travers  de  la  pente  et  ensuite  réduire  la  longueur  jusqu'à  ce  que  chaque  planche  soit  aussi  horizontale que  possible.  Entre  les  planches  on  laisse  des  passages  pour  faciliter  l'entretien.  Plusieurs  séries  de  planches  peuvent être  séparées  par  des  allées  plus  larges.

En saison sèche où en terrain sablonneux, on dresse des planches à plat avec des petits ados pour éviter que l'eau d'arrosage ne s'écoule. En saison humide ou en terrain argileux, on fait des planches surélevées par rapport aux passages (10 à 15 cm) et on leur donne une forme légèrement bombée. En saison des pluies, on devra aussi retenir la terre des planches en bordant les planches avec des tressages de feuilles ou de branches, des bambous, des pierres, etc... Certaines cultures se font sur billons (patate douce, pomme de terre). Ne pas oublier de construire un abri pour le matériel, les engrais etc et éventuellement un hangar-séchoir si l'on envisage de conserver certaines récoltes (oignon. pomme-de terre). Prévoir et aménager un endroit pour le compostage.


NORMES DE PRODUCTION DES SEMENCES