En
langue Mooré, zai' vient du mot "zaïégré" qui veut dire "se
lever tôt et se hâter pour préparer sa terre". Il s'agit en effet de
récupérer des terres abandonnées, dégradées par une succession de cultures,
complètement dénudées, décapées et encroûtées où le ruissellement est si fort
qu'il emporte les graines et les résidus organiques qui pourraient régénérer la
jachère.
Le
zai' aurait été utilisé anciennement par les agriculteurs les moins nantis, ne
disposant que de terres pauvres et peu de moyens de production. Cette
pratique exigeante en main-d'oeuvre aurait été abandonnée à la suite de périodes d'abondance (1950-1970), de
l'éclatement des familles, de la mécanisation de la préparation des nouveaux
champs, de l'aménagement des bas-fonds, etc.
Cette pratique
traditionnelle pourrait constituer une solution simple pour restaurer la productivité
des « zipellés », sols encroûtés, tassés et blanchis par la battance des pluies
et décapés par le ruissellement, littéralement « désertifiés ». En outre, elle
permet de réhabiliter la couverture agroforestière de cette région semi-aride.
Les
avantages du zaï
Les
avantages du zaï concernent principalement la capture des eaux de ruissellement,
la préservation des semences et de la fumure organique, la concentration de la
fertilité et des eaux disponibles au début de la saison des pluies (plantation
précoce) et en fin de saison (remplissage des grains). L'augmentation de la
rugosité de la surface du champ permet de ralentir le ruissellement et le vent
au ras du sol, de capturer au fond des cuvettes les débris organiques et les
particules fines transportées en suspension et de protéger les jeunes
plantules.
La
pratique du zaï apporte encore un regain des activités biologiques du sol:
avance de croissance des plantules qui profitent de la minéralisation du fumier
apporté en fin de saison sèche, perforation de la croûte par les termites et
régénération de la végétation ligneuse. Les poudrettes, en effet, contiennent
les graines de diverses espèces consommées par le bétail qui, préparées par les
acides gastriques des ruminants, germent rapidement et profitent de l'apport
exceptionnel d'eau et de nutriments ainsi que de la protection des tiges de
céréales, pour réinstaller un taillis agro-sylvo-pastoral à base de Balanites
aegyptiaea, divers Acacias et Combretum sp., Piliostigma retieulatum,
Scleroearya birrea, Adansonia digitata, Lannea acida, etc. Enfin, le zaï permet
d'augmenter les surfaces cultivées et les rendements des céréales, sauf lors
des années exceptionnellement sèches, ou les années où les pluies sont bien
réparties, mais dans la majorité des années où les cultures ont à subir le
stress de périodes déficitaires pendant les périodes sensibles de leur cycle
(tallage, épiaison, floraison, remplissage des grains). Le zai' peut donc
réduire l'impact négatif des aléas climatiques et sécuriser la production.
Les
limites du zaï
La
pratique du zaï connaît aussi des limites. Elle peut réduire l'impact d'une sécheresse
de 2 à 3 semaines si le sol peut stocker suffisamment d'eau (ce qui n'est pas
le cas des sols trop superficiels ou trop caillouteux), mais le zaï ne peut
fonctionner de façon satisfaisante s'il ne pleut pas assez (minimum 400 mm avec
une capacité de stockage du sol de 50 mm). De même, s'il pleut trop, la culture
va souffrir d'engorgement au fond des cuvettes et les nutriments vont être
lixiviés (observé au Cameroun). La zone optimale d'application du zaï semble
limitée à la zone soudano-sahélienne (entre 400 et 800 mm) mais cela devrait
encore être précisé en fonction des plantes et des sols. Même dans la zone
soudano-sahélienne, l'extension du zaï est limitée par la disponibilité en main
d'oeuvre et en fumier.
Le
zaï exige 300 heures de travail très dur à la pioche traditionnelle (manche
court et angle trop fermé entre le fer et le manche), soit environ 3 mois pour
aménager un hectare (à raison de 4 heures pendant 25 jours par mois). Il demande
en outre la fabrication et le transport de 3 T/HA de "poudrettes",
ainsi que la confection d'un cordon de pierres autour du champ pour maîtriser
le ruissellement (donc nécessité d'une charrette et d'une abondante main
d'oeuvre).
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